Le but de la prière chrétienne

Le but de la prière chrétienne est l’union à Dieu

D’abord, permets-moi de rappeler que l’Oraison est une forme de prière et il y a plusieurs manières de prier. Le but de la prière chrétienne est l’union à Dieu. Non pas une union fusionnelle, mais une “connexion” avec Dieu dans une obéissance spirituelle qui nous permet de poursuivre le chemin particulier par où aller à Dieu. L’âme trouve alors une paix intérieure. Et c’est l’oraison qui nous aide le mieux à atteindre ce but d’union à Dieu et de paix intérieure.

Cette intimité est capitale dans notre vie

Dans l’oraison, je fais l’expérience d’une présence de Dieu dans ma vie sous le mode de l’absence. De l’absence parce que Dieu que je le sente ou pas, que je le voie ou pas, Il est là au cœur de ma vie. Je me dresse en vis à vis devant l’omniprésence de Celui qui est plus présent que je ne le suis à moi-même et à tout ce qui m’entoure. Ainsi dans l’oraison, Dieu m’apprend la connaissance de moi-même et me donne le goût de ma vocation propre. Ce face à face quotidien devant l’omniprésence de Dieu que l’on appelle Oraison n’est pas un but en soi, mais tend à l’Union à Dieu. Cette intimité est capitale dans notre vie.

L’Oraison nous donne la connaissance de soi

L’Oraison nous donne la connaissance de soi. Se connaître soi-même, c’est être capable de regarder en face ce jeu par lequel je me prends pour personnage. Par exemple : je suis frère Thomas, moine bénédictin (situation sociale) je suis manjak (appartenance ethnique), je suis africain (appartenance raciale). Tout ceci ne définit pas ce que je suis en réalité. Les Chinois disent que l’homme a trois miroirs : ce que les autres disent de moi, ce que je pense de moi-même et ce que je suis en réalité. Il semble alors que si j’arrive à cerner ce que je suis en réalité, c’est alors que je serais en phase avec la connaissance de moi-même.

En revanche, il est souvent admis que l’être humain est assez complexe pour se connaître vraiment. Saint‑Paul l’a expérimenté : « Ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais… » Romains 7, 15-19. Le philosophe Spinoza dit à ce sujet de la connaissance de soi : « Nous nous croyons libres que parce que nous ignorons les causes qui nous font agir. ». Pour mieux se voir, il nous faut un miroir.

Vivre l’intériorité par l’oraison silencieuse, c’est laisser Dieu nous regarder tel que nous sommes…

Un seul peut scruter l’être humain de fond en comble, de long en large. Un seul (Dieu)me connaît plus que je prétends me connaître. Celui qui a dit : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais » (Jérémie 1, 5).

Dieu nous fait prendre conscience de nos propres limites, et nous rappel à l’ordre. Le « connais-toi toi-même » que l’on a attribué au philosophe Socrate, était en réalité une maxime de l’antiquité grecque inscrite à l’entrée d’un temple, et signifiait: « Saches que tu es mortel, et non divin ». Selon Saint Augustin, nous ne sommes pas à nous-mêmes notre propre lumière, et revenir à soi-même, autrement dit vivre l’intériorité par l’Oraison silencieuse, c’est laisser Dieu nous regarder tel que nous sommes avec nos défauts, nos doutes, nos faiblesses, nos espoirs aussi. C’est aussi écouter résonner en nous le maître intérieur qui a dit : « Je suis le Chemin la Vérité et la Vie ». C’est se tenir en relation avec Ce maître intérieur dans la foi en impliquant notre volonté, notre intelligence et notre imagination dans une attention simple et aimante à sa présence en nous.

Dans le cœur à cœur silencieux qui est caractéristique de l’Oraison, Dieu se déploie en tant que parole intérieure plus intérieure que la parole humaine intérieure. Et donc pour mieux se connaître selon le grand maître spirituel Saint Augustin : « rentres en toi-même, afin d’y découvrir Dieu et donc la Vérité, plutôt que d’aller au-dehors » (Saint-Augustin Confessions livre I).