L’oraison quotidienne:
une prière à la portée de tout chrétien
L’oraison n’est rien d’autre qu’une prière personnelle silencieuse prolongée – d’une demi-heure ou d’une heure de temps – au cours de laquelle on se « connecte » avec Dieu. Selon les termes de Sainte Thérèse d’Avila : « L’oraison mentale n’est, qu’à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent avec Dieu dont on se sait aimé ». Pour entrer en relation étroite avec ce Dieu qui nous aime tant, un endroit porteur recueillant et une disponibilité intérieure est requis.
Se recueillir intérieurement dans le silence et se mettre en présence de Dieu par le signe de la Croix, telle devra être l’attitude du priant. Ce dernier peut ainsi prier en sentant la présence de Dieu dans son cœur. Cela ne l’empêche pas de faire l’expérience de l’obscurité de la foi (ennui, aridité, sécheresse, nuit des sens, nuit de la foi, nuit de l’esprit). Étant bien convaincu que Dieu est présent partout dans l’univers tout entier. Ces conditions de recueillement peuvent être réunies dans une église ou dans une chapelle, mais pas exclusivement[1]; un endroit approprié en dehors d’un lieu de culte peut présenter les mêmes exigences recommandées. Par exemple un coin aménagé dans la maison ou dans le jardin, un site en montagne, un endroit paisible dans le bois; l’orant pourrait goûter l’intimité de Dieu devant un beau paysage dans un lieu quelconque dans la nature pour s’adonner à l’oraison.
Prière qui devient au fil […] des années, plus intime,
plus affectueuse et plus prolongée
L’oraison est une prière mentale, une conversation intérieure avec Dieu. Prière qui devient au fil des jours, des semaines, des mois et des années, plus intime, plus affectueuse et plus prolongée. Assurément, les fruits de l’oraison se cueillent mûris dans l’assiduité et dans la durée, à l’épreuve du temps. Par une ténacité à tout endurer, le suppliant peut évoluer graduellement l’intensité à propos de la durée chronométrée de l’oraison avec une constante persévérance. Il serait bien indiqué de procéder progressivement comme suit : d’abord faire 30 minutes, puis 45 minutes et enfin 60 minutes.
Préparation de quelques minutes
qui nous dispose à bien entrer en oraison est requise
Pour ce faire, l’oraison requiert un bref moment de préparation de quelques minutes qui nous dispose à bien entrer en oraison. On invoque alors l’assistance de l’Esprit sanctificateur pour lui demander la grâce de bien profiter de ce temps consacré au Seigneur en fixant notre imagination sur les choses divines. Car comme l’affirme si bien saint Basile : « L’Esprit-Saint fait notre intimité avec Dieu. ».
Que l’Esprit-Saint vienne au secours de notre faiblesse ou de notre peur bleue de rester un certain temps en silence à prier Dieu dans le sanctuaire de notre cœur, sans se laisser distraire par nos quelconques occupations différentes et quotidiennes ou par les effets distrayants de notre imagination. Que l’Esprit consolateur lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guérisse ce qui est blessé, assouplisse ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rende droit ce qui est faussé[2].
Ce cœur à cœur avec Dieu demande un arrêt de notre train-train quotidien et une ferme détermination à consacrer à l’Auteur de nos vies, un temps gracieux, gratuit, précieux, à offrir au Créateur de toutes les créatures, une partie infime de notre journée (une demi-heure ou tout au plus une heure dans les 24 heures du jour qu’Il nous a donné de vivre). Accepter volontiers de « perdre du temps pour Dieu », passer du temps en son aimable compagnie; et pendant ce laps de temps accordé gracieusement à prier Dieu, la seule consigne qui vaille est celle-ci : se rendre disponible à « Dieu seul », l’Hôte intérieur[3].
L’oraison est fort utile pour notre croissance spirituelle, car elle a pour but de nous unir à Dieu par Jésus-Christ en nous appuyant sur les vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité. En usant respectivement de nos facultés humaines : la mémoire, l’intelligence et la volonté pour aller à Dieu. De plus, la prière d’oraison nous aide à centrer notre vie sur Dieu comme en témoigne avec éloquence la vie de nombreux Saints. La pratique quotidienne de cette forme de prière (de préférence à une heure fixe dans la journée ou dans la nuit pour faciliter une meilleure assiduité) nous détache peu à peu de nos penchants mauvais et nous incite à pratiquer toutes les vertus chrétiennes.
L’oraison simplifiée pour les grands débutants
Aux chrétiens qui ne peuvent consacrer que quelque moment à l’oraison, nous proposons une prière d’oraison fort simplifiée.
Après une courte lecture d’un livre de piété avérée tels les saints Évangiles, l’Imitation de Jésus-Christ, le Combat spirituel, l’Introduction à la vie dévote, etc. Après s’être mis en présence de Dieu et l’avoir adoré, il suffit de se poser les questions ci-dessous :
- Suis-je bien convaincu que ce que je viens de lire est nécessaire ou utile à mon salut ou à ma perfection spirituelle, et comment pourrai-je augmenter cette conviction?
- Ai-je pratiqué jusqu’ici cette vertu proposée par la lecture, et que me faudrait-il faire pour la pratiquer mieux?
- Que ferai-je aujourd’hui même pour me rapprocher de cet idéal? Résolution pratique. Prière pour l’accomplir fidèlement.
Cette méthode de faire oraison qui est à la portée de tous, même de ceux qui débutent contient les actes essentiels et prépare à une oraison plus parfaite dans l’avenir.
[1] À ce propos, Frère Laurent de la Résurrection, frère carme de Paris 91614-1691), mystique et pédagogue de la Présence de Dieu, nous enseigne dans ses Écrits et Entretiens que dans la pratique de la présence de Dieu : « Il n’est pas nécessaire d’être toujours à l’église pour être avec Dieu; nous pouvons faire de notre cœur un oratoire, dans lequel nous nous retirons de temps en temps, pour nous y entretenir avec Lui. Tout le monde est capable de ces entretiens familiers avec Dieu. »
[2] Prière à l’Esprit-Saint : « Veni Creator Spiritus »
[3] Une autre définition de l’oraison mentale donnée par Sainte Thérèse d‘Avila : « Faire oraison […] n’est pas autre chose que rendre ses devoirs à l’Hôte divin qui vient loger, manger et se délasser avec nous. »
